Lynda Lemay
"L'enfant Aux Cheveux Gris"

Il est arrivé en coup d'vent
M'a marquée comme un coup d'soleil
Il s'est assis tout souriant
Il a dit : « J'm'appelle Henri Weil »

À la table d'un restaurant
En pleine nuit, en plein Paris
Comme un clone du fou chantant
Un simple amoureux de la vie

Refrain:
Comme un enfant aux cheveux gris
Qui n'a qu'un hymne dans la voix
Qu'une conviction dans ta vie
C'est qu'y'a d'la joie

Il m'a parlé, il m'a appris
Que le bonheur est dans l'papier
Du napperon qu'on plie, qu'on replie
Et qui devient une fusée

Son regard bleu comme une vague
M'a transportée, m'a rafraîchie
Il y est allé de quelques blagues
J'avais l'coeur tout ragaillardi

Refrain:
Comme un enfant aux cheveux gris
Qui n'a qu'une idole et qu'un roi
Qui n'a qu'une parole et qu'un cri
C'est « Y'a d'la joie »

Il m'a appris
Qu'le savoir-vivre
C'était de savoir être fou
Qu'assis, debout
A jeun ou ivre
On pouvait chanter n'importe où

Pour nous surprendre, il s'élançait
Vers quelque parfait inconnu
En s'écriant : « Si j'm'attendais...
Y'a si longtemps... Comment vas-tu ? »

Et devant tant de gentillesse
Et croyant sa mémoire trouée
L'homme floué, par politesse
Se résignait à l'embrasser

Refrain:
Et comme un enfant aux cheveux gris
Les yeux brillants, l'air satisfait
Fier de sa douce plaisanterie
Il chantonnait
« Y'a d'la joie »...

Les années passent comme le vent
Marquent ma peau comme le soleil
Les années défilent et pourtant
Je ne me sens jamais plus vieille

Depuis cette nuit-là au resto
Je n'suis plus tout à fait pareille
Et si parfois j'ai le coeur gros
Quelque chose me dit qu'Henri veille

Et Trenet lui prête ses mots

« Y'a d'la joie... etc. »